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Sur un coin de table

Comme bon nombre de projets ambitieux, Transition’elle est née sur un coin de table.

C’était la fin de l’été. Sur la terrasse, le soleil était doux et la brise légère. Nous discutions de notre envie de créer quelque chose ensemble. Quelque chose qui associe sens, contribution, plaisir, rentabilité et évidemment utilise nos talents respectifs et complémentaires.

Je dirais que c’est Leena qui la première a mentionné la ménopause. Elle dirait que l’idée vient de moi. Disons simplement qu’elle s’est immiscée dans notre conversation et rapidement transformée en évidence. À l’aube de la cinquantaine et de cette nouvelle étape de vie, le sujet forcément nous interpelle. Et l’envie immédiate de faire rimer ménopause et épanouissement définit d’emblée notre fil rouge.

Les premiers pas

Dès les premiers instants où nous avons parlé de notre projet, avant même qu’il porte un nom, l’accueil a été enthousiaste. “C’est génial! Tellement nécessaire! Trop bien, ça manque vraiment! Ah, super important, c’est top que vous en parliez!” Pas une seule fois un commentaire n’a dévié de cette direction générale.

La première étape de l’intérêt face au sujet étant validée, nous nous sommes attelées à imaginer comment le mettre en forme. C’est alors que nous avons commencé à récolter une deuxième réponse. Plus subtile, moins franche et affirmée, il nous a fallu quelques répétitions pour la décrypter.

Délit d’association

Dans notre société qui valorise la jeunesse, le dynamisme et la performance, et de préférence chez les femmes la beauté, l’altruisme et la soumission, tout ce qui s’en éloigne est à éviter comme la peste. La ménopause véhicule une image de fleur fanée à laquelle il vaut mieux ne pas s’associer, de peur d’être identifiée comme appartenant à ce groupe peu reluisant.

Cette attitude laisse apercevoir l’ampleur de la perception négative attachée à la ménopause et la honte qui l’accompagne.

La honte

La honte se nourrit de silence et d’ombre. Tapie au fond de notre cave personnelle, elle est la gardienne de tout ce qu’on rejette de soi, tout ce qu’on n’aime pas, tout ce qu’on rêverait différent. Elle garde précieusement ces “imperfections” qui remplissent l’espace entre comment on aimerait être perçue et comment on se perçoit soi-même. Cachée à l’abri des regards, la honte puise sa force dans le silence qui l’entoure.

À l’heure où les réseaux sociaux nous abreuvent de vies de rêve et de solutions miracles, il est tellement facile d’oublier que la peur, l’échec ou le doute font partie intégrante de l’expérience humaine. Face à cet étalage de perfection, la tentation est immense de cacher ce qu’on considère comme les facettes moins glorieuses de nous-même. Et comme l’humain est un animal grégaire, l’acceptation et la validation par le groupe constitue un besoin vital. Dans ces conditions, révéler au grand jour ce qu’on considère comme honteux est très difficile.

Seule sur son île

L’enfant, dans son développement cognitif, atteint vers l’âge d’un an la permanence de l’objet. Il arrive alors à comprendre que même si sa maman sort de son champ de vision, elle continue d’exister. En tant qu’adulte, nous avons tous dépassé cette phase, et pourtant… Le silence est une arme puissante qui nous ramène aux premiers stade de l’enfance. Il nous porte à croire que, comme personne ne parle de difficultés, personne n’a des difficultés.

On se retrouve alors seule sur une île déserte. L’île porte le doux nom d’Imperfection. On est seule sur l’île parce qu’on n’en parle pas, et on n’en parle pas parce qu’on se croit seule à présenter cette tare.

La parole libérée

Sauf que cette île est partagée – en silence – par près de 8 milliards d’humains qui se croient seuls. Ça en fait du monde!

Dès l’instant où on ose parler, une brèche s’ouvre et la honte se vide de son pouvoir. Elle nous tenait grâce à la croyance qu’on était la seule. Ostracisée. Rejetée. Ejectée du groupe. Seule. Pour contrer ces menaces suprêmes, elle imposait le silence. Parler avec des paires nous fait réaliser qu’au lieu de nous protéger, la honte nous isolait.

En créant des espaces de sécurité et de haute qualité humaine où la parole peut se libérer, Transition’elle offre une alternative à la honte. Ensemble, main dans la main, nous pourrons alors transformer la perception qui entoure la ménopause, partager des solutions face aux défis physiques, psychiques et sociaux qu’elle pose et savourer cette troisième grande phase de notre vie de femme.

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