Comme décrit dans la femme cyclique, notre biologie vise l’homéostasie en permanence. Si pendant nos années fertiles, c’est déjà un véritable exercice d’équilibriste, la transition corse encore un peu les choses.
Dès le début de la quarantaine – oui, la ménopause est un processus qui démarre bien avant qu’on en perçoive les effets – la production des hormones surrénaliennes précurseurs d’oestrogène et testostérone, ainsi que la production ovarienne d’oestrogène commencent à diminuer.
L’oscillation de la poutre
L’hypothalamus et la glande pituitaire, logés au fin fond du cerveau, sont véritablement accros aux oestrogènes depuis la puberté. Ils réagissent au manque en libérant plus de LH et FSH, deux hormones qui stimulent la production ovarienne d’oestrogène. Et voilà notre fragile équilibre qui titube de plus belle.
Tu as récemment grimpé sur une poutre montée sur ressorts comme on en trouve dans les parcours Vita? Quand tu commences à perdre l’équilibre, tu compenses, ce qui fait osciller la poutre, ce qui te fait perdre plus l’équilibre, et compenser plus, et osciller plus, etc.
L’oestrogène a un fort impact sur la mémoire, les capacités de réflexion, l’acuité mentale et l’humeur. Quant aux pics d’oestrogènes, comme ceux liés au déséquilibre amplifié de la quarantaine, ils provoquent une pensée désorganisée et une irritabilité à fleur de peau.
Droit derrière le pic d’oestrogène est libérée une vague de progestérone. L’aisance sociale et le plaisir de l’interaction soutenus par l’oestrogène et l’ocytocine sont brusquement remplacés par une humeur irritable, triste, pessimiste et une pensée dispersée. Ce revirement d’ambiance intérieure est amplifié par une chute abrupte de progestérone, effet revers de sa montée raide. La poutre oscille de plus en plus. Et l’humeur avec…
Puis arrivent les cycles irréguliers, manifestation d’une ovulation en rade. Sans ovulation, les vagues d’oestrogène et de progestérone ne sont pas déclenchées. Par effet domino, la stimulation de l’ALLO ne se fait pas et nous prive de notre Valium naturel. La variation du taux de progestérone est le signal pour déclencher l’évacuation du coussin de sang qui épaissit l’utérus en vue d’accueillir une grossesse. Sans variation, pas de signal. L’utérus continue donc à s’épaissir jusqu’à ce que le coussin trop lourd, se rompt. Les règles tendent alors à être abondantes, voire hémorragiques.
Tous pareils, toutes uniques
Evidemment, chaque femme vit la transition de manière unique. Celles qui subissent une tempête neurochimique de force 5 peuvent se sentir ballotées par des flots agités qui dictent des sauts d’humeur et de comportement imprévisibles.
Comme tout organisme vivant, nous sommes programmées pour la survie. Le reste est du bonus. Dans ce contexte, tout sytème biologique qui périclite crée la panique dans l’organisme entier. Cette panique, diffusée sur les ondes du système nerveux, devient le moteur inconscient de nos pensées, émotions et comportements. Le cortex pré-frontal est alors le seul, grâce à ses capacités d’analyse et de réflexion, à pouvoir calmer notre centre émotionnel et nous assurer que la situation traversée ne représente pas à proprement parler un danger de mort.
Nous pouvons apprendre à faire la distinction entre la version de nous qui est ballotée par les flots hormonaux déchaînés, et notre véritable essence. Comme dans chaque situation de la vie, nous avons le choix de nous identifier à ce que nous vivons, ou reconnaître que ce n’est qu’une expérience qui certes nous influence, mais ne nous définit pas.
Une majuscule qui change tout
Mettre de la conscience dans cette distinction entre “qui je suis profondément” et “ce que je vis actuellement” est d’autant plus crucial pendant la transition. C’est faire la part des choses entre la réalité et la Réalité. La réalité reflète notre perception du moment. Elle est teintée par nos croyances, nos émotions, nos vagues hormonales, notre vécu. Elle est perçu à travers une multitude de filtres personnels, familiaux et culturels.
La Réalité est ce qui reste quand on retire tous les filtres. Elle est vibration, énergie pure, unité où tout est relié. La Réalité dépasse la dualité et l’espace-temps linéaire. Elle défie les limites imposées par notre cortex pré-frontal et notre expérience humaine. Elle est, tout simplement. Dans mes mots et ma perception, elle est amour et lumière, notre essence immuable.
Que ce soit avec ou sans symptômes, avec ou sans conscience, chaque femme qui atteint et dépasse la cinquantaine vit la transition hormonale appelée ménopause. Par contre, pour en récolter les fruits et déployer pleinement sa puissance – atteindre le elle de transtion’elle – un travail d’acceptation et de conscience est nécessaire. Plus nous serons nombreuses à faire ce travail personnel et le partager entre paires, plus le rayonnement de notre pouvoir personnel sera facilité. En incarnant des rôles modèles inspirantes et en déplaçant le focus sur les bénéfices de la transition, nous contribuons à notre propre épanouissement et celui des générations futures.